Wed, 15 Dec 2004
L'exercice du Métro

Tameike-Sanno station in the morningD'aucuns diront que je n'ai pas fait de sport depuis longtemps, que je devrais faire de l'exercice plus souvent pour avoir une vie plus équilibrée, etc. A ceux-là, je répondrai que je m'y suis remis pas plus tard que ce matin en prenant le métro.

Aller au bureau en métro doit bien être equivalent à un bon quart d'heure d'exercice, tant le corps est soumis à rude épreuve: compression extrêmes des muscles par les corps voisins, positions d'équilibre défiant les lois basiques de la physique à tenir jusqu'au prochain arrêt de métro, coordination des mouvements avec ceux des autres passagers pour sortir tout le monde d'un bloc, sans ralentir le flot et réinsertion immédiate (il fallait quand même sortir pour permettre aux autres passagers de descendre), etc.

Ça en est presque amusant en fait. J'hésite entre fermer les yeux et à faire abstraction de la foule, comme le vieux salaryman qui s'est endormi en s'appuyant sur moi, probablement afin de grapiller quelques minutes de repos qu'il avait dû sacrifier plus tôt pour attraper le train matinal, et m'émerveiller du calme imperturbable dans le train, cela-même en heures de pointe.

En pratique, je me place entre les deux: je m'isole en écoutant de la musique sur mon lecteur portable marqué d'une pomme, tout en observant d'un œil détaché les salarymen qui s'engouffrent et qui ne connaissent que trop bien le rituel ferroviaire qui les attend chaque matin.

Une fois de temps en temps, j'apprécie ces moments.


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Sat, 25 Sep 2004
Blues d'Automne

Il est des jours que les heures pesantes rendent à peine supportables. Que ce soit à cause de la lourdeur de l'air chargé d'humidité, comme pour officiellement annoncer l'arrivée de l'automne, ou bien de la perturbation du rythme biologique, due à deux jours fériés dans la même semaine, alors que l'on doit travailler le samedi, chaque petit détail est amplifié jusqu'à exaspération, si bien que le lent malaise s'installe invévitablement.

Cette petite mort qui vous ronge de l'intérieur, c'est l'ennui, la fatigue, la paresse, ou une combinaison de tout cela. Appelez-le comme vous voulez, je ne sais pas combien de personnes sont capables de lutter efficacement contre ce mal. Il donne une excuse à ma passivité, car en dépit des différentes choses marquées "à faire" dans ma liste, je pense inconsciemment à la futilité d'entreprendre quelque chose aujourd'hui, cela ne serait pas productif. J'en profite pour prétendre que je sais m'occuper et qu'il n'aura pas raison de moi, mais en réalite, je ne fais que lui obéir.

Je me trouve à feuilleter un livre avec un regard vide, si bien que je dois relire les mots qui ont résonné dans me tête sans avoir de sens. Je browse l'Internet, source inépuisable d'informations, mais aujourd'hui, tout semble sans saveur et je ne trouve aucun sujet d'intérêt. J'ai la tête lourde, la douleur si bien connue dans le bas de la nuque revient: il me faut du repos, mais en même temps, je ne veux pas abandonner cette journée sans essayer de lever la tête.

Ce weblog fournira la délivrance, via ce message-même. Je me réjouis que cet exercice exorcisant, à la fois anonyme et publique, dans lequel je combats le spleen, restera sur ce site, comme le trophée d'une bataille finalement emportée.


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Wed, 30 Jun 2004
Extrait de vie urbaine

Sensations désagréables au réveil, lorsque l'on réalise après quelques pas encore endormis d'une nuit épaisse chargée d'orage, qu'il n'est que mercredi, alors qu'on se croyait déjà en fin de semaine.

Eiko dort encore, même mon chat Pitou n'est qu'à moitié actif, la chaleur aura eu raison de son appétit.

Preuve des temps modernes, je commence ma journée par lire les mails, que j'espère avoir reçus pendant la nuit. Parmi les nombreux messages de spam ou les messages d'alerte de CNN que j'ai presque peine à distinguer de la catégorie précédente, tant ils sont nombreux, je trouve un mot d'une amie actuellement aux Etats-Unis, avec qui je communique régulièrement et qui comme moi, se trouve projetée dans une terre lointaine.
Les messages traversent le globe, sans toujours s'arrêter par la France: on n'a plus les mêmes sujets de conversation ou la même sensibilité aux choses lorsque l'on est expatrié.

En flânant sur l'Internet, je tourne la tête pour remarquer une pluie battante et l'orage qui gronde et je me dis qu'il est peut-être préférable de prendre le métro plutôt que mon scooter ce matin. Cette décision peut peut-être me sauver la vie aujourd'hui.

Je sors de chez moi alors que l'air a cette pesante odeur, caractéristique des jours de pluie.

La station de métro est déjà moite des pas des voyageurs matinaux, mais le train n'est pas encore plein: j'ai eu la chance d'arriver parmi les premiers dans la queue et de trouver une place à côté de la vitre, mais rapidement, les gens se bousculent derrière moi, au fur et a mesure que le train s'arrête pour accueillir plus de voyageurs.

Me voici maintenant bras droit collé contre la vitre, dont la condensation se mélange désagréablement avec la sueur au contact de ma chemise.

Derrière moi, je sens quelqu'un chercher quelque chose dans son sac, me donnant de brefs coups dans le dos à chaque tentative, alors que la respiration lourde d'un autre me parvient par le côté.

Tout le monde a cependant cette même attitude résignée, baissant la tête silencieusement, en espérant que le train ira peut-être plus vite aujourd'hui pour rendre le périple plus court.

Dans les quelques dizaines de mètres qui séparent la station du bureau, tout le monde effectue la même danse.
D'une marche dynamique, on esquive les autres passants moins pressés, en prenant garde de ne pas entrechoquer les parapluies, alors que la musique de fond est assurée par le bruit urbain des voitures roulant sur la chaussée humide de l'autoroute qui traverse la ville.
En réalité, on remarque à peine cette nuisance sonore, tant elle est permanente.

Finalement au bureau, c'est avec plaisir que je regarde la pluie ruisseler contre la vitre. Je suis sauf et la journée peut commencer.


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