Au cours d’un dîner avec un ami photographe professionnel (spécialisé dans les portraits, ça tombe bien), j’ai bien eu la confirmation que prendre des portraits d’inconnus dans la rue est quasiment impossible, même pour les pros. Les raisons sont multiples (droit de portrait à obtenir, méfiance des gens, etc.), mais la suivante est celle qui a le plus de sens pour moi: un portrait, ce n’est pas la photographie d’un visage.

Au contraire, la force d’un bon portrait, c’est justement d’arriver à comprendre une personne et sa nature intime, comme le disait Herb Ritts dans un entretien qui eut lieu pendant une rétrospective sur son travail à la fondation Cartier de Paris en 2000 (le livre qui en est sorti est d’ailleurs magnifique, merci à mon frère et à son épouse pour avoir eu la bonne idée de me l’offrir pour un certain Noël 2002).

Voilà qui explique la difficulté de prendre un portrait réussi, et celle encore plus grande de prendre celui d’un inconnu: sans relation intime entre le photographe et son sujet, il y aura une barrière qui transcrira dans les photos et au mieux, on obtient une jolie photo graphique, un snapshot, qui finira au même rang que les photos de vacances que l’on n’a pas eu le temps de classer.

En espérant un jour avoir le talent d’un photographe professionnel, celui qui permet d’établir ce lien privilégié qui fait oublier l’appareil au sujet, je vais m’exercer sur des amis en confiance, en me souvenant que c’est l’Å“il qui prend la photo, pas l’appareil.

Ci-dessous, en attendant, voici mon premier auto-portrait, deux autres suivront dans les jours qui viennent. C’est fou comme c’est difficile de poser (même pour soi-même!) et de rester simple dans le regard, sans artifices qui ne feraient que parasiter l’image.

Auto-portrait, en discussion avec l’objectif

5 thoughts on “Révélations et Auto-Portrait

  1. Je trouve que c’est vraiment bien pour un premier auto-portrait. Surtout que je trouve bien plus difficile de faire un portrait sur un fond blanc que sur un fond noir. Tu veux bien partager le detail sur la/les sources de lumiere?

  2. Salut Radu et merci pour le commentaire encourageant. Pourtant, au risque de te décevoir, je n’ai rien utilisé de spécial pour l’éclairage… Juste une lampe fluorescente de plafond et une feuille de papier blanche de format A3 en guise de réflecteur et pour le reflet dans les yeux. En revanche, la pièce dans laquelle j’ai pris la photo a de grands murs blancs, qui ont certainement aidé à adoucir la lumière. Le reste n’est que Photoshop pour accentuer les blancs et ainsi “gommer” le relief des murs et un petit crop pour recadrer la photo! L’idée, lorsque j’ai pris la photo, était davantage de travailler sur l’expression plutôt que sur la technique!

  3. Bonjour,

    Je suis tombé sur votre site en suivant le lien d’un autre blog. J’aime vraiment beaucoup ce que vous faites : vous savez rester simple avec un style très agréable, et vos photos reflètent bien cela. J’adore.

    J’ai d’autant plus d’intérêt pour vos derniers articles que, ces derniers temps, je souhaite également commencer à faire du portrait et j’aurais vraiment voulu faire du “portrait de rue”. Me posant des questions notamment quant aux droits d’utilisation de ce genre de photos, votre billet a malheureusement confirmé mes craintes.

    Une question cependant : j’ai regardé votre “gallery” Street Photography et je me demandais quels étaient les droits pour ce genre de photos. Il n’y a pas que des photos de groupe, donc ne pourraient-elles pas être considérées comme des portraits? Est-ce légal?

    Débutant en photo, je me permettrais de repasser régulièrement, car je pense que j’ai beaucoup de choses à apprendre de votre travail.

    A bientôt donc,

    Amano

  4. Bonjour Amano et merci pour le commentaire. Oui, en effet, les droits sur le portrait sont assez stricts au Japon (comme dans les autres pays, d’ailleurs, me semble-t-il). La plupart des photos de la galerie Street Photography ont été prises à l’insu des personnes qui y figurent, à un moment où je n’étais pas vraiment conscient des contraintes légales. Quant à votre deuxième question, elle rejoint finalement la première. Dans une photo de groupe, du moins au Japon, dès que quelqu’un est reconnaissable, la personne peut exiger à ce que la photo soit retirée, à moins de n’avoir obtenu une autorisation. Et même dans ce cas-là, la photo ne peut être utilisée que si elle n’est pas dégradante pour le sujet! Oui, c’est bien difficile de prendre des portraits de nos jours, si on doit respecter la loi à la lettre… Dans la pratique, les chances pour être poursuivi sont faibles, mais bon…

  5. Merci pour ces éclaircissements. J’avoue ne pas trop savoir si je vais tenter le diable ou pas. Il faut bien avouer qu’il y a certaines expressions et certaines “tranches de vie” que l’on ne peut capturer qu’en prenant des photos à l’insu des personnes concernées, même pour des connaissances d’ailleurs. A très bientôt, Amano 😉

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